Manger de saison, pourquoi? comment?

C’est après avoir vu passer plusieurs photos, menus et légendes incongrus sur Instagram cette semaine, que la moutarde de la saisonnalité m’est montée au nez ! Un véritable festival de non-sens ! Des courgettes avec un intitulé indiquant « légumes de saison », des cagettes de tomates cerises en plein mois de février,  de la truffe Aestivum (d’été!), des aubergines grillées sans parler des montagnes de framboises servies en dessert sur les menus Saint-Valentin.

Les framboises ? On attend l’été pour les savourer !


Ceux qui me suivent depuis 6 ans le savent, la raison d’être du Var des Gastronomes a toujours été de mettre en avant les restaurants qui proposent une cuisine faite-maison, de saison et si possible à partir de produits locaux. Sans vouloir donner de leçons de morale, il y a quand même parfois un manque de cohérence qui me fait bondir ! L’utilisation de la « saison » comme outil marketing complètement détourné ne fait qu’entraîner les consommateurs que nous sommes dans un brouillard contre-productif. Auriez-vous l’idée de commander au restaurant un velouté de potimarron en plein été ? Alors pourquoi manger des tomates-burratina en hiver ?

Manger des légumes d’été en hiver, un non-sens pour la santé et le porte-monnaie….

Manger des tomates / courgettes / aubergines / fraises en plein hiver c’est s’assurer d’avoir un légume ou un fruit vidé de toutes ses vitamines, un légumes qui a été produit dans d’immenses serres chauffées en Espagne et placé en chambre froide plusieurs semaines avant d’être transporté sur plusieurs milliers de kilomètres…

Un fruit ou un légume placé en chambre froide n’a, à l’arrivée dans votre assiette, plus aucun goût. Alors que les fraises sont si sucrées en été, en plein hiver, elles n’ont goût… de rien. 

Entre la récolte et l’assiette, combien de semaines se passent pour votre légume venu d’Espagne? Pourquoi cette tomate n’a pas pourri ? Parce qu’on la bourre de conservateurs et autres produits chimiques. Renseignements pris, sachez qu’entre le moment du ramassage de ces légumes en Espagne et leur arrivée dans nos rayons, il se passe deux mois

Quelques bonnes raisons de manger de saison…

Manger des légumes de saison, c’est acheter ses légumes au bon prix : quand il y en a beaucoup, les prix baissent. Donc un produit acheté en pleine saison sera proposé au juste prix.  

C’est aussi s’assurer le plaisir de la redécouverte ! Quel bonheur de retrouver après l’hiver les premières fèves au printemps, redécouvrir le goût des petits pois frais, savourer une tomate pleine de goût et rafraichissante quand les températures estivales sont là. 

Les premières fèves, en avance, cette année !

Quand on consomme de saison, on sait à qui on donne son argent : un producteur du coin, c’est une famille qui vit de la terre et qu’on aide à vivre de son activité, alors qu’au supermarché on engraisse une entreprise du CAC 40.

Manger de saison, c’est aussi apprécier des légumes ramassés et des fruits cueillis à pleine maturité, au moment où leur goût est meilleur. La nature est bien faite, elle nous donne ce dont nous avons besoin où moment où il faut, comme les melons ou tomates gorgés d’eau pour nous hydrater en plein été.

Manger de saison, c’est aussi et surtout limiter son impact sur l’environnement. En achetant chez son producteur, on limite les trajets, en achetant de saison, on profite de fruits et légumes qui n’ont pas demandé de chauffage dans les serres, qui n’ont pas traversé la planète, qui n’ont pas été stockés en chambre froide pendant des semaines.

Manger de saison au restaurant…

Au restaurant, c’est pareil. Des courgette en plein hiver, c’est s’assurer un plat pauvre en goût. Alors on boycotte les desserts aux fruits rouges en plein hiver : la plupart du temps ce sont des fruits décongelés, on préfère une tarte au citron pendant que c’est la pleine saison et que les agrumes dans notre région sont absolument divins !

Je reste persuadée que si le consommateur n’achète pas, les propositions changeront. Pourquoi maintenir à la carte un plat dont personne ne veut ? On se renseigne pour trouver des restaurants qui respectent les valeurs de la saisonnalité, comme vous êtes déjà nombreux à le faire sur ce blog, ce qui est plutôt rassurant !

Je vous invite aussi à aller visiter le site du Collège Culinaire de France qui milite auprès des restaurateurs pour les inciter à se fournir auprès des producteurs locaux et respecter la saisonnalité des produits. Ceux qui sont labellisés sont référencés ici https://www.restaurantdequalite.fr

Au restaurant, en hiver, on laisse de côté le macaron framboise au profit des agrumes de saison

La saison, comment s’y retrouver ?

Renseignement pris auprès du Collège Culinaire de France, pour respecter la saisonnalité des produits (fruits, légumes, mais aussi pêche, viande…), il n’y a pas de recette miracle à part se fier à ce que propose son producteur du coin.

Françoise et sa famille Raynaud sont producteurs à La Seyne-sur-Mer

Il y a des dizaines de calendriers de saisons sur le web, or, d’une région à l’autre, d’une année à l’autre, selon le climat, la saisonnalité d’un produit ne sera pas la même. Quelle a été ma surprise en découvrant chez Anthony, producteur à Ollioules, présent sur le marché de La Seyne-sur-Mer, que les premières fèves étaient là !  » Je les plante tôt, il ne fait pas froid, la terre est à bonne température alors les premières sont arrivées mi-février, sans être plantées sous serres « .

Alors si vous n’avez pas la chance d’avoir un potager, cherchez un maraîcher à côté de chez vous ou allez au marché et regardez ce qu’il y a sur l’étal des producteurs locaux. Discutez, posez des questions, les commerçants sont rarement avares de renseignements et de conseils !

Anthony, maraîcher qui pratique l’entraide agricole avec sa famille, sur leurs terres à Ollioules, Sanary, Six-Fours

Manger de saison, plus cher ? Halte aux idées reçues !

Ca, c’est l’argument systématique qu’on oppose :  » le producteur local, c’est cher « ,  » le supermarché c’est moins cher que le marché « , etc. Si on se pose la question du rapport qualité-prix, pour ma part, la réponse est vite vue.

Mais pour être concret, voici les quelques prix que j’ai relevé cette semaine.

En vert, quand les prix au marché sont plus intéressants qu’au supermarché…

Donc finalement, avec moins d’intermédiaires, le producteur propose, bien souvent, un prix plus intéressant, ou pas tellement plus cher, pour surtout un produit de bien meilleure qualité.

Au marché, le commerçant vous reconnait, cherche à vous fidéliser, surtout quand les touristes ne sont pas là. J’ai souvent un bouquet de thym offert, un prix sur deux salades au lieu d’une. A la fin du marché, les prix sont avantageux. En été, on profite de tomates à 1€/kg pour faire quelques portions de ratatouille qu’on congèle ou des coulis pour l’hiver !

Marché de La Seyne-sur-Mer, tous les jours, sauf le lundi

Pas le temps d’aller au marché ? De nombreux producteurs proposent des paniers de saison autour de 20 €, de quoi faire le plein de légumes pour la semaine pour 4 personnes. 

Et puis, on gaspille moins, on jette moins donc finalement on dépense moins ! Au marché, on achète ce dont on a besoin et pas une barquette d’un kilo quand on a besoin que de deux courgettes. 

On cuisine quoi avec ces légumes ?

Je vous l’accorde, en hiver, manger local demande un peu d’imagination. Mais là encore, parlez, questionnez ! Vous ne savez pas quoi faire avec un potimarron ? Votre producteur vous donnera des idées !

Et tout simplement, le web regorge de recettes, d’idées, de la plus simple à la plus élaborée. Je vous donne les liens des blogs où j’aime aller piocher des idées, où les recettes peuvent être rapides, sans être onéreuses, mais toujours délicieuses !

C’est à vous de jouer maintenant ! Il y a un proverbe créole qui dit  » c’est avec des grains de riz qu’on fait des sacs de riz « . Alors si j’ai pu éveiller ne serait-ce qu’une conscience ou vous donner envie de réfléchir à la question, j’en serais très heureuse !

Les commentaires sont ouverts, le débat est lancé, n’hésitez pas à partager votre avis sur le thème ou poser vos questions, je tenterai d’y répondre le mieux possible !

3 réflexions au sujet de « Manger de saison, pourquoi? comment? »

  1. Top ton article! Comme toi je trouve que c’est une aberration de cuisiner hors saison et surtout chez les professionnels. Un plat végétarien? Jamais! Par contre cuisiner des tomates en janvier no problemo… Merci pour la mention en tout cas ça me touche <3

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